L'invasion de la Russie en Ukraine a causé une flambée des prix des métaux précieux, dans la mesure où l'offre reste faible, où l'offre régulière est incertaine et où la demande ne cesse de croître.
La Russie compte parmi les leaders mondiaux en matière de prix des matières premières. Le pétrole et le gaz, les métaux précieux et les denrées alimentaires qu'elle produit représentent une grande partie de ses exportations annuelles. Concrètement, la Russie assure 15% de la production mondiale de platine, 40% de la production mondiale de palladium (ce qui en fait le premier à l'échelle mondiale) et est le deuxième plus grand producteur d'or.
Le conflit qui sévit en Ukraine a obligé les investisseurs et les gouvernements à se méfier de la chaîne d'approvisionnement mondiale concernant les métaux précieux. Les sanctions imposées à la Russie ainsi que son exclusion du système bancaire SWIFT représenteront également de grands obstacles à l'exportation de ses métaux précieux, entraînant ainsi une hausse de leur valeur à mesure que la demande augmente.
L'industrie automobile enregistre une croissance de sa production en 2022, à mesure que la crise de la chaîne d'approvisionnement mondiale des semi-conducteurs s'atténue. Cette production génère une demande de métaux précieux comme le platine, le palladium et le rhodium. Ces métaux industriels sont les principaux composants des convertisseurs autocatalytiques ; une technologie utilisée pour réduire les émissions. Ainsi, le rhodium a enregistré à lui seul une hausse de 67,52 % de sa valeur depuis le début de l'année 2022. Le palladium a connu une hausse de 34,60 % cette année et devrait encore continuer si l'offre diminue et la demande augmente.
Les investisseurs du monde entier se tournent également vers les métaux refuges comme l'or et l'argent pour se protéger des chocs boursiers et de la dépréciation des devises. L'insécurité engendrée par cette situation a détourné beaucoup d'argent des marchés boursiers et des marchés des changes conventionnels vers le marché des matières premières. Il en va de même pour le pétrole et le gaz. Cette hausse est toutefois circonscrite à la possibilité d'une augmentation des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine, qui devrait voir le jour en mars.
Le métal incontournable vers lequel il convient de pointer son regard est le palladium. La Russie étant le plus grand producteur, il est évident que ces sanctions affecteront fortement la valeur du palladium. Si les exportations risquent de baisser en raison des sanctions, la pénurie d'approvisionnement devrait faire grimper les prix. Au cours des 7 derniers jours, période pendant laquelle le conflit est passé d'une possibilité à une réalité, le prix de ce métal est passé du prix d'ouverture du marché de mardi dernier de 2 400 $/oz à 2 556 $/oz à l'heure où nous écrivons ces lignes. Soit une augmentation de 6,50 % de sa valeur.
Par ailleurs, la crise Ukraine-Russie a également entraîné une baisse des rendements des bons du Trésor américains et européens. Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans est passé de 2,045 % mi-février à 1,694 % aujourd'hui. Cette baisse massive a entraîné une fuite des liquidités du marché obligataire et un afflux sur le marché des métaux précieux, dans la mesure où les investisseurs se tournent vers des options plus sûres pour investir leur portefeuille.
En effet, avec l'effondrement du rouble russe, perdant -31,54% de sa valeur en quelques jours, le gouvernement russe pourrait chercher à vendre ses réserves d'or afin de soutenir son économie et ses objectifs militaires. À l'heure actuelle, l'or représente 23 % de la base monétaire de la banque centrale russe.
